lundi 14 février 2011

Body world : Une plongée psychedélique

Body world
Dash Shaw
Dargaud 2010

L'américain Dash Shaw a d'abord été publié par les éditons Ca et là en 2008 avec un gros pavé de roman graphique noir et blanc (enfin, encre claire) intitulé "Bottomless Belly button".
Ce roman, sélectionné au festival d'Angoulème 2009 (mais pas élu) a pu impressionner par son volume et on imagine qu'il a sans doute été surtout lu par les amateurs déjà convaincus de ce type d'ouvrages. Néanmoins, l'auteur âgé alors de seulement 25 ans semblait promis à un bel avenir.
> Lire le bel article récapitulatif sur Evene.fr

Le revoilà en traduction française, chez un autre éditeur, mais avec un autre livre oh combien étonnant, qui surpasse encore le précèdent en tous points : maquette, couleurs, scénario, dessins, : c'est à un véritable chef d'oeuvre auquel on a ici à faire.

Body world, c'est un peu "Le Festin nu", ou "Las vegas parano", entendez : une immersion dans la tête d'un prof de biologie sur un campus universitaire dans une petite ville des USA, Boney Borough, en 2060. Sauf que ce prof : Paulie Panther, est camé et passe son temps à tester toutes les plantes qu"il trouve, allongé dans sa baignoire, un poster psyché au plafond.
Le jour où il tombe sur un pare terre de fleurs bizarres dans le petit bois qui jouxte le campus;. il ne sait pas où il met le doigt...

A Boney Borough, et dans Body world, on fait aussi la connaissance de miss Jewell, prof de science et grande brune aguichante un peu sadique, qui fait du grinche à Paulie Panther.. jusqu'à ce qu'il pète un peu trop les plombs.
Mais Pearl Peach, petite étudiante blonde et pas craintive, en manque d'aventure, se montre elle d'avantage intéressée.. sauf que son ex petit copain, Billy Borg, capitaine de l'équipe de "déball", le sport local, (de toxicos, là encore), ne l'entend pas de cette oreille...
Là dessus, il s'avère que les plantes du petit bois s'avèrent venir d'une autre planète..

> Ci dessus à gauche : psychédélisme, mais aussi érotisme sadique... des scène à ne pas mettre entre toutes les mains...

Bref, Body world est déjanté, et c'est jouissif. d'autant plus que la présentation du livre a été soignée par l'auteur et l'éditeur : format vertical inédit, papier glacé, couleurs très particulières, cartes du quartier dépliantes où se déroulent les évènements afin de se repérer en début de chaque chapitre ou action importante.. et profil des personnages principaux.

...On pense immanquablement à Charles Burns en lisant Body World : Campus universitaires, jeunes décalés, personnages étranges (et je n'ai pas parlé de "Johnny cicatrices", enlevé par les extra terrestres...)
Sauf que Dash Shaw maîtrise de A à Z sont récit de 384 pages et nous entraine dans une spirale psychédélique qu'il est impossible de lâcher en cours. D'autant plus ce gâteau aux champignons sous-tend une thématique de thriller impeccable que l'on sent à peine poindre au départ.

A l'heure où "Toxic", le dernier album (1er d'une série) de Charles Burns bénéficie de mises en avant exceptionnelles en librairie et dans la presse, et surfe de manière un peu honteuse sur l'imagerie de Tintin pour ...attirer d'avantage de nouveaux lecteurs ? (là je prends des risques, surtout que je suis fan de l'auteur depuis longtemps), il est plaisant de voir que la relève du politiquement et graphiquement incorrect est prise, et de belle manière par Dash Shaw.

Magnifique, ou.. "monstrueux" !!, au choix.

Le site officiel de Body world, lisible en ligne (en anglais)

Aucun commentaire:

Analyses