lundi 2 juillet 2012

Pourquoi j'ai voulu détruire ce monde

Pourquoi j'ai voulu détruire ce monde
Bicargo

Ankama
Avril 2012

Dans un futur relativement proche : Sur le tore, station orbitale située au delà de Pluton, et dans laquelle habite Deirdre, jeune femme blonde, c'est un grand jour. En effet, on apprend par les techniciens travaillant sur SISP21, planète rapprochée, que la terraformation est engagée.
Entretenant une correspondance  courriel avec un terrien depuis quelques années : Karl , Deidre profite de ce jour et grâce à ses économies, pour entreprendre le voyage vers la Terre qu'elle n'a jamais connue.
Son voyage lui réservera bien des surprises, même si au final, l'amour sera roi.


Bicargo n'a pas une expérience énorme dans l'univers sans pitié du monde des albums BD, et ce premier cartonné va sans doute le révéler.
Ce roman graphique de science-fiction de 105 pages rassemble en effet toutes les qualités d'une réussite. On a même l'impression d'une oeuvre étrangère tant le ton est si peu courant dans la production française actuelle.
On serait d'ailleurs tenté dans cet esprit de rapprocher cette œuvre de l'étonnant Le dernier cosmonaute d'Aurélien Maury (Tanibis 2010).

Mais là ou Maury avait conté une histoire plutôt intimiste, mettant en scène deux personnages principaux et leur relation amoureuse, le tout dans une sorte de huis-clos se servant du rêve comme un prétexte à la science-fiction, ici Bicargo nous entraîne vraiment dans l'espace.
Et même si les pérégrinations de son héroine Deirdre auraient pu se passer tout à fait ailleurs et aujourd'hui, la maîtrise du sujet et la passion apparente pour l'espace (et ses stations orbitales) rajoutent peinement à l'intérêt de cette étude de moeurs du genre humain.
Les questions soulevées étant d'une tonalité sociale forte :
Qui est étranger parmi nous ? qu'est-ce qu'être terrien (humain ?),  l'hospitalité est-elle un vain mot ?, la distance nous sépare t'elle vraiment, ou le coeur et les sentiments suffisent-ils à faire que l'on est lié ?...

Les personnages et les idées originales du scénario charment par leur humilité et leur simplicité de ton. L'humour beaucoup présent (cf le titre) équilibre le sujet plutôt dramatique, et on se prend à penser aux humains de Farenheit 451, version Truffaut. (...)

Les dessins rétro futuristes (entièrement conçus sur ordinateur) de l'auteur et les fausses couvertures parsemant l'album n'empêchent pas un découpage réussi, et parfont ce roman, qui je le crois, ferait un excellent film (indépendant) au cinéma.

Bravo.

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