De l'Art, ou du cochon ? Bee sure !

Motel improvement art service
Jason Little
Akileos, Juin 2011

Jason Little n'était pas encore connu par chez nous avant qu'Akileos ne nous propose ce volume des aventures de son héroïne "Bee". Il s'agit en fait du deuxième, car l'auteur avait publié auparavant (et remporté un Ignatz award pour) Shutterbug Follies*, premier volume de cette "série".  Il l'avait fait paraître sous forme de strips dans des hebdomadaires américains, et sur le web en séquences avant d'être publié par Dark Horse.

Jason palmer Little est né en 1970 et fait partie de ces jeunes dessinateurs qui ont eu la chance (pour son titre "Jack's Luck Runs Out", ci-à droite) de pouvoir être reconnus aux USA avec l'aide de la Xerix foundation, qui participe au développement de fanzines papiers. Top Shelf l'avait publié.

"Motel improvement art service" est un roman graphique de 200 pages à l'humour décalé mais bien présent, dont le dessin très frais et les situations très dynamiques et loufoques offrent un grand bol d'oxygène.

Bee a dix-huit ans, est petite et bien en chair, et ayant fini ses études secondaires décide de se prendre du bon temps et de traverser les états unis en vélo. Mais elle n'ira pas loin, un accident la contraignant  à faire halte dans un hôtel, où elle va rencontrer un drôle d'employé, qui profite du nettoyage des chambres pour repeindre à son goût les tableaux de décoration...

L'autre passion de cet étonnant jeune homme : la collection de drogues.

Page 139

Edité dans un format à l'italienne très seyant, cet épisode, bien déjanté, réalisé sous forme de huit clos, pourra, de part ses thèmes, faire un peu penser à l'autre révélation de 2011 : Body world.

Le trait de Jason Little est pourtant plus aéré, plus classique aussi, d'une forme "ligne claire", et même si le sexe et la drogue sont bien présent, (à réserver à un public averti donc), il s'en dégage une ambiance beaucoup moins psychédélique.

Une fort belle réussite, et un scénario original tout trouvé pour le cinéma.

*Daté 2005. Akiléos vient de le publier ce mois de Janvier 2012 en France.

Le Site de Jason Little :  http://www.beecomix.com/

Lire des extraits en ligne sur Digibidi

Zone 10 : et l'oeil était sur le front...

Zone 10
Christos n. Cage/ Chris Samnee
Delcourt
Mai 2011

Voilà ce qu'il arrive lorsque l'on associe deux auteurs de talent, ...oh pas les plus connus, mais des américains qui ont fait leurs preuves, un scénario criminel super bien ficelé, et un dessin noir et blanc d'une redoutable efficacité.*

Cette nouvelle collection Darknight compte seulement trois titres et déjà on peut la juger comme indispensable.
Faisant suite aux traductions Panini de labels plus adultes (Dark horse, Vertigo...) déjà entamées depuis des années, et à l'heure du remaniement des droits de parutions des comics DC en France, (cf. Urban comics), cette nouveauté éditoriale est un beau cadeau.

Mettre le détective au centre d'une intrigue de serial killer et le considérer comme suspect potentiel a déjà été fait ailleurs.
Mais Zone 10 fait plus que cela lorsqu'il explore le ressort de la "vision", du troisième œil. Celui qui permet, de manière un peu brutale d'ouvrir un espace dans son cerveau afin de vivre différemment, jusqu'à prévoir l'avenir direct.

Combinant belles scènes d'enquête et de poursuites, dans une structure de thriller au premier abord classique, le tout allié à un dessin au pinceau superbement réalisé, allant à l'essentiel, avec quelques taches d'encre d'ambiance bien disposées, ce polar déglingué réussit sa mission : nous tenir en haleine au long de ses 180 pages.

Un dessin de Batman tiré du blog de l'auteur

(*) Chris Samnee nous interpelle avec un noir et blanc puissant rappelant à la fois Bill Sienckiewicz et Frank Miller. 
Il dessine aussi du super héros, mais prouve qu'il est à l'aise avec tous les styles.
Un nom à suivre, sans aucun doute.

Le blog de Chris Samnee

Spirou 52 : La face cachée du groom

L'édition de luxe

Spirou tome 52 :
La face cachée du Z
Yoann et Vehlmann
Dupuis Octobre 2011

L'avant dernier album Spirou était très réussi, à tous les niveaux. Voir la chronique sur ce blog. Le même duo Yann et Vehlmann récidive :

Nous retrouvons nos deux amis en train de retaper le château de Champignac quelque peu secoué après l'épisode bucolique dans la jungle.
Pas de raid en territoire Zorkons cette fois-ci, mais un décor lunaire et notre anti-héros Zorglub à nouveau en mode Zorglonde. Même si son désir de dictature habituel se heurte, et c'est rigolo, à la folie capitaliste ambiante de notre société, représentée ici par le parc de loisirs pour richissimes gogos, construit à grand frais sur la face cachée de la lune.

Clin d'œil bienvenu qui apporte une touche très moderne d'actualité à la série, tandis que l'intrigue sous-jacente arrive subrepticement.
...Qui dit lune, dit pleine lune, et qui dit pleine lune dit...

On pourra au premier abord être un peu surpris de l'étrangeté de cette idée scénaristique, qui oppose de fait début en fanfare du récit et fin beaucoup plus convenue, mais contenant quand même une course poursuite mémorable dans le désert lunaire .
Etrangeté qui n'a sembe t-il pas plu à tous les puristes, et on pourra entendre qu'il soit permis d'apprécier à moitié la "déchéance" si peu glorieuse de notre groom favori.
Mais bon,  en reprenant  le tout dans une seconde lecture, il apparaît plutôt au final un épisode crucial qui laissera des traces dans la saga de manière originale. Auprès des lecteurs certainement aussi !

Mais n'est-ce pas l'apanage de cette reprise depuis son origine, qui a connu divers auteurs, et pour laquelle on éprouve pourtant toujours autant de plaisir.  A l'inverse de son ancien concurrent (suivez mon regard), figé dans une belgitude vieillie qui on le sait, aura beaucoup de mal à éveiller autant de débat ou passion auprès des nouvelles générations. Bref, un album étonnant, qui se pose là.

Le plus : 2 couvertures différentes, et un superbe tirage de luxe, limité, grand format, dos toilé, avec 4 peintures bonus à l'intérieur (et donc une troisième couverture).

Après Thorgal, XIII pour les fêtes : où comment durer en divisant...

XIII : Le jour du Mayflower
 I. Jigounov/Yves Sentes
Dargaud Nov 2011

Bonne surprise que ce vingtième tome de la série culte crée par JC Van Hamme et William Vance.
Notre ami Jason Mc Lane vit donc dans la maison de bord de mer l'ayant receuillie au tout début de la série, et tout serait relativement calme si son médecin traitant, le docteur Suzanne Levinson, psychiatre, ne lui proposait pas de visiter  le docteur Lubsky afin de suivre une thérapie. Ce dernier a en effet mis au point une méthode révolutionnaire permettant d'analyser les souvenirs d'enfance.

Entre temps, Julianne, une belle blonde dangereuse et son complice, travaillant pour USAFE incorporated (domaine de la sécurité soit disant) essaient de le récupérer, pour des raisons qui nous échappent...
Cependant, l'expérience du doc Lubsy fonctionne et des bribes de souvenirs d'enfance reviennent à la surface, occasionnant pour les anciens amis d'école ou les nouveaux de Mc lane quelques désagréments...
On cherche apparemment à cacher certaines vérités.

...Nouvelles courses poursuites, avec un FBI impliqué aussi évidemment, de bonne scènes d'action et toujours ce personnage attachant, ...bref, un nouveau cycle rafraichissant au rythme soutenu et au suspense prenant.
Un petit bémol : les dernières pages où l'on nous présente l'employeur de Julianne, une femme d'âge mûr, dont les bureaux situés dans une grande tour de Boston remplis de souvenirs du passé n'arrivent pas à cacher une histoire de conspiration s'étalant sur plusieurs générations (d'où le fameux épisode du Mayflower dessiné par William Vance, pages 42 à 45), un peu compliquée.
A suivre...évidemment !

XIII mystery : Colonel Amos
F. Boucq/Alcante
Dargaud Nov 2011

Dans le quatrième tome de cette série parallèle, après la Mangouste (Mayer et Dorisson), Irina (Berthet/Corbeyran), Little Jones (E. Enino/yann), et avant un Steve Rowland pévu par Guerino et F. Nury, un épisode de la vie du colonel Amos nous est  révélé, tout comme certaines traces de son passé.
Colonel qui a donc servit dans le Mossad, services secrets israéliens, et qui doit déjouer dans le cadre de son travail actuel pour la CIA le plan d'un infiltré israélien justement.

Cette "enquête" à haute tension est plutôt bien menée, et saupoudre au passage un mélodrame familial bienvenu.
Le trait de Boucq se prête assez bien au bon scénario d'Alcante ("Re-mind, Pandora box"...), et l'on apprécie au final un album à la lecture agréable dont la fin en clin d'oeil laisse une très bonne impression.

L'interview D'Alcante sur GénérationBD

En conclusion : deux albums thriller qui se complètent et qui valent leur achat dans le genre "bande dessinée classique".

Arzak : retour de l'arpenteur

Arzak
l'arpenteur
Moebius
Moebius prod/Glénat
Sept 2010

Comment, je n'avais pas chroniqué cet album de Moebius ? Et pourtant, il mérite, lui qui nous a permis en 2010 de savourer à nouveau les aventures du chevalier (oiselier ?) du désert B : le bien nommé Arzak. Flash-back donc pour tout ceux qui n'auraient pas encore ouvert le livre :

Cette nouvelle série arrive après des années et des années d'absence du personnage, créé par l'auteur en 1975 dans les pages de  la revue Metal hurlant. (Et après une absence de réelles bande dessinées de l'auteur SF tout court.)

Ce grand format dont une version luxe noir et blanc a d'ailleurs précédé fin 2009 (textes sous dessins) nous permet d'apprécier de belle manière les belles planches aérées typiques de cette série SF, où magie et délires scénaristiques se mèlent à l'aventure.

Edition de 2009

Ici, la construction est tout de même un peu plus concrète qu'au départ, car rappelons-le, Arzak (Arzach) n'était à l'origine qu'une série de dessins couleurs avec une idée plus qu'un véritabe  scénario. Ici, les planches possèdent des phylactères.

...Un arpenteur arpentant donc le monde de Tassili sur son Ptéroïde afin de mener quelques missions, et au passage sauver la veuve et l'orphelin. Quoi que parfois, il passe sans rien faire, et préfère observer plutôt qu'agir; pas bête le type.
Malgré un début un peu léger dans l'espace, avec des extra terrestres pirates pas très convaincants, la suite du récit, qui s'apparente par moment au western (la scène d'arrivée dans le village) nous réconcilie avec la trame. Tandis que l'aspect space opéra de la fin et ses passagers riches dans un vaisseau pourront rappeler aux plus jeunes le "Cinquième élement" . Des actions mélées qui trouvent un début de point de jonction. Et alors qu'on attend toujours la suite.

Monsieur Moebius a posé là cette reprise, comme pour nous dire, "oui, je n'ai pas oublié le personnage, mais il reviendra lorsque je serai inspiré". (3 tomes prévus*)

Oui, bon et bien.. replongeons nous dans notre méditation, et reprenons un peu d'herbe. Peut-être pourrons-nous alors aussi imaginer la suite de ces rêves éveillés.

(*) http://www.glenatbd.com/bd/arzak-tome-1-9782908766585.htm

Sorties du 10 au 14 Janvier 2012

Meilleurs voeux pour 2012

La Nebular Team est heureuse de vous présenter ses meilleurs vœux!
Que tous vos souhaits se réalisent! 2012 plein de rêves en BD et Manga!
Beaucoup de sorties, de nouveautés, et d'exclusivités.....
Alors bonne année à tous ou comme on dit en japonais akemachite omedetô !!!