jeudi 27 juin 2013

L'amour fait vivre : "Tout sauf l'amour"


Tout sauf l’amour
Toldac et Pierre Makyo/ Dessin et couleur de Frédéric Bihel
Futuropolis
Juin 2013
Une œuvre contemporaine, dans tous les aspects du terme, puisqu’elle se déroule aujourd’hui, dans un univers très réaliste, et avec une poésie de tous les jours. Sauf que l’histoire n’est pas banale :
Nina a 8 ans lorsqu'elle perd sa mère dans une avalanche, sous ses yeux. Depuis, elle vit "en dedans", refusant toute implication réelle dans la société, et encore moins le contact amoureux.
José Alcano, neurologue, lui, dirige une agence un peu particulière de rencontre (et de mariage), avec un collègue. 
Grâce à une technique soit-disant révolutionnaire, il assure à chacun de rencontrer sa perle rare avec sa base de données 
Mais un jour où il passe sur un passage à niveau avec sa nouvelle voiture de collection, il reste coincé sur la voie et déclenche un accident terrible. Il va devoir rembourser toute sa vie. A moins que…
Antoine de Beaumont est l'assureur qui est responsable de ce dossier... et le père de Nina.
> …Un » roman graphique » doit-on dire lorsque l’on dévore une bande dessinée de ce niveau littéraire. Oui, et j’utilise ce mot sans restriction. Car Tout sauf l’amour est d’une qualité rare, celle des belles histoires, qui donnent envie de les relire encore, et/ou d’imaginer une adaptation cinématographique éventuelle, tant le récit nous interpelle.

Une oeuvre forte, belle, et donc à offrir. (Tous publics ados/adultes)

Le projet Manhattan : Einstein fait du porte à porte


Le Projet Manhattan
Hickman/Pitarra
Delcourt
Mars 2013

Oubliez vos aprioris, oubliez la BD, oubliez les belles couvertures !
Le Projet manhattan est un p…. de bouquin, et ce n’est que le tome 1 sur deux.
On dirait un comics de chez Bamboo, à la couverture peu avenante du genre "nouvelle série qu'on ne va pas trop avoir envie de lire"  (…), mais c’est du Delcourt cartonné. Cela surprend. Couverture sobre, très blanche... rien ne laisse deviner l’intérieur. Et comment le serait-il possible d’ailleurs ?
Le Projet Manhatan ce sont d’abord deux auteurs incontournables du moment : Hickman et Pitarra, (voir Red wing), aux styles scénaristique et graphiques très particuliers, et une histoire peu banale :
Nous sommes censés être en 1942, aux Etats-unis d’amérique, et la base secrète de Los Alamos prépare sa bombe A. Mais au sein de cette base, plus profondément enfouies, tenues secrètes, d’autres expérimentations ont lieu. Et il se pourrait bien que ce portail ouvrant d'autres dimensions, (et sur des kamikazes robots japonais aussi) puisque c’est de cela qu’il s’agit, projette tous les protagonistes (fous pour la plupart, dont un Albert Einstein un peu paumé et un docteur Oppenheimer carrément psychopathe), vers des complications sévères...
Bref, vous l’avez compris, ce scénario est absolument hallucinant, et je ne vous ai pas parlé des extraterrestres qui veulent s’emparer de cette trouvaille bien pratique. (…)
A dévorer, pour tous fans de SF et de comics autres que mainstream.

lundi 17 juin 2013

Dernières lectures : Johnny Jungle, et Dans la paume du diable


Dans la paume du diable
T1 l'usine à rêves
Mathieu Mariolle/Kyko Duarte
Glénat
Mars 2013

Los angeles, 1946 : l'entrée sur tapis rouge de Howard Hughes pour la première de son film "The outlaw" est le prétexte à faire connaissance avec Siegel, ponte de la pègre locale.  Celui-ci vient faire chanter le grand réalisateur, afin de lui assurer le succès escompté de son dernier film. 
Au même moment le jeune officier William Lawford, du FBi, prépare un plan avec sa hiérarchie afin de faire tomber cette pègre.
Comment ? en se faisant passer pour un jeune producteur fortuné, longtemps parti.…

Si Mathieu Mariolle a pu être très remarqué sur le titre à forte tendance comics "Smoke city" chez Delcourt de 2007  2010, (et d'autres titres chez divers éditeurs), son actualité est "la Voie du sabre", et "ShangaÎ", deux séries supportées par des dessinateurs à l'esthétisme époustouflant. Kyko Duarte, espagnol,  a lui pour sa part plutôt oeuvré relativement discrètement mais sûrement dans l'héroic fantasy chez Soleil et dans le polar chez Bamboo; mais il est en train de faire sa place , avec la très belle série "Elfes" chez Soleil celtic. (2 titres à ce jour.)

Ce premier tome dont certaines cases de décor urbain pourront rappeler le dessin d'un Bramenti (Mc cay), nous entraîne de belle manière dans un polar calibré, où le suspens est ténu et l'ambiance collée aux faits historiques.

> Amateurs du Dahlia noir et/ou des incorruptibles, cette série est faite pour vous ! 

Voir : le blog de Kylo Duarte (en espanol) 


Johnny jungle
Première partie
Jean-christophe Deveney/ Jérôme Jouvray
Glénat
Janvier 2013

Johnny Jungle, c'est un récit mêlant l'humour  et le drame. Il associe le présent et la situation difficile d'un vieux monsieur qui raconte son passé. Celui d'un enfant élevé par les singes dans la jungle, et dont la découverte va lancer une carrière cinématographique mondiale.
... Cela vous rappelle quelqu'un  ? normal.. 

Librement inspiré de la vie de Johnny Weismuller, notre Tarzan préféré à l'écran, (c'est ce que j'en dis), cet hommage plein de poésie fonctionne.
Les interludes sous forme de fausse affiches d'époque tissent le lien entre les différents chapitres, pour mieux accréditer la thèse d'un (faux) récit biographique.
Le dessin de Jérôme Jouvray (Lincoln), se prêtent de manière adaptée à cette comédie douce amer.

Jean-Christophe Deveney fait partie de ses auteurs provinciaux qui avancent tranquillement, un peu loin des étoiles parisiennes de la bande dessinée. Basé à Lyon, où il dirige un atelier BD : "Lépicerie séquentielle", sa collaboration sur cette nouvelle série, avec Jérome Jouvray, plus connu du grand public, et la qualité d'un récit étrange mais très original, devrait lui permettre de décoller.
C'est ce qu'on lui souhaite en tous cas avec cette histoire en deux parties .






jeudi 13 juin 2013

Red wing : a t-on franchi la ligne rouge ?


Red wing
Jonathan Hickman/Nick Pitarra
Delcourt
Nov 2012

"On ne peut pas réparer ses erreurs, on ne peut que les léguer à ses enfants"

On a parlé de "Prophet" dans  la chronique précédente, et entre temps le film "After earth" est sorti sur les grands écrans. (Bon film SF au demeurant)

Le point de convergence de toutes ces histoires, est la planète Terre, mal en point, et l'humain est coupable à chaque fois.

... Publié en 4 comics chez Image, ce récit de science-fiction possède beaucoup d'atouts pour plaire aux amateurs.
Un scénario plutôt bien écrit et maîtrisé, et un dessin très moderne, que nos confrères de Planete Bd décrivent comme une sorte de style à la Geoff Darrow. Oui, pourquoi pas ? Pitarra bénéficie en tous cas d'une actualité chez Delcourt avec le "Projet manhattan" en ce moment.

Si cette escadrille de pilotes "Red wing", dont nous suivons de nouvelles recrues patrouillant dans l'espace temps pour lutter contre des dévoreurs d'univers a du charme et rappelle un peu Star trek nouvelle génération, on a j'avoue un peu de mal à ne pas se sentir désorienté à la fin, par une histoire de famille perdue à travers le temps; et cela même si le propos philosophique reste très intéressant et nous laisse songeur et perplexe.
En effet, un fils du futur retrouve son père dans le passé et le condamne pour les actes que sa génération a commis. (...)

Le sujet du voyage espace-temps ayant encore de beaux jours devant lui en terme d'écriture de scénarios, on accorde donc une bonne note à cet album un peu "pionnier", même si pour une fois, j'aurais apprécié de lire une suite à ce one-shot un peu raide sur le final.

A suivre ?...


dimanche 2 juin 2013

Nul n'est Prophet en son pays : une histoire de clones pas banale


Prophet tome 1
Scénario: Graham Brandon – Dessin: Collectif
Urban comics
Mai 2013

"L’Humanité s’est éteinte il y a des siècles, éradiquée par des formes de vies plus anciennes et plus sages sans doute. Si elle a disparu, la civilisation des Hommes n’en reste pas moins sans ressources. Lorsque John Prophet s’extrait de sa capsule, encore abruti du temps passé en cryostase, il se met en marche avec un objectif clair en tête : ressusciter l’empire humain et activer la balise qui propagera à travers le cosmos le signal du réveil de ses autres clones, disséminés aux quatre coins de la galaxie." (pitch du site urban)

Ok, le pitch est sympa, et le dessin suffisamment intrigant pour qu'on choisisse de se lancer dans la lecture de ce nouveau titre Urban. Est-ce que l'éditeur nous a déçu jusqu'à présent ?
Si vous aimez la science-fiction, vous allez être servis.
John Prophet a été créé en 1992 par Rob Liefeld, dans le comics Youngblood du label Image, et le personnage était une sorte de clone de guerre. Il a vécu pas mal d'épisodes avant d'être stoppé en 2000, puis réactivé par le label Image en 2012 lors de la comic con d'alors, avec Brandon Graham au scénario et Simon Roy au dessin.
La numérotation originale a été cependant gardée, et ce sont donc les 5 premiers épisodes de ce relaunch (#21 à 26) qui nous sont proposés aujourd'hui.
La couverture US
John projet a gagné entre temps en sérieux, et c'est à une vraie oeuvre que l'on a à faire, avec toute la complexité et la poésie que l'on est en droit d'attendre de ce genre de littérature. D'ailleurs les éditeurs d'Amazon ne se sont pas trompés en le plaçant 5eme dans leur sélection des meilleurs comics de 2012. (http://robot6.comicbookresources.com/2012/11/amazon-names-best-comics-and-graphic-novels-of-2012/)
Les trois premiers chapitres sont scénarisés par Graham et Simon Roy, tandis que les trois suivant voient un scénariste ajouté et un dessinateur différent : soit Graham, soit Farel Dalrymple, soit Giannis Milonogiannis.
Si les dessins sont dans l'ensemble du recueil plutôt déstabilisant par rapport aux canons habituels des grands éditeurs Dc ou Marvel (Mais on est dans la collection Indies !), ceux-ci sont cependant assez intriguant et bien exécutés pour ne pas perdre le lecteur.
Page 10 ©Urban/Graham/Roy
J'ai personnellement retrouvé l'ambiance d'un Matsumoto (auteur du manga "Number five") dans ces traits hasardeux. Il se trouve que le verso du livre indique un carrefour d'influences entre Edgar Rice Burroughs, Moebius et Miyazaki. On est d'accord.
Mais l'ambiance générale, peuplée de créatures étranges plus ou moins dangereuses, nous rappelle aussi des références cinématographiques comme "Ennemy mine", "John carter from mars (un autre John) ou d'autres choses encore plus folles, lorsque le héros est par exemple sur une mini planète "homme rocher", et devise sur l'espace… On pense aussi à Alien parfois, ou plutôt Prometheus...dans l'aspect dangereux que peuvent représenter ces créatures et ces planètes pour les descendants de l'homme. 
Un tome deux est prévu, et vu le délire grandissant de la fin de ce premier, on se dit que l'adaptation cinéma, si elle se fait un jour (Tristar pictures a acquis les droits en 1995, cf Wikipedia), aura du pain sur la planche. 
Nul n'est Prophet en son pays ?  
Un comics pas banal, et fascinant en tous les cas.

Analyses